GUST 99

L’expédition de 1998 nous a permis d’amener des indices assez probants de l’existence d’une grande créature non-identifiée dans le Lac Seljordsvatnet que les traditions norvégiennes nomment Sjöormen (Serpent-de-Mer). Ainsi des vagues anormalement grandes et même un film d’une qualité exceptionnelle ont été ramenés. 

En août de cette année-ci, nous avons continué la recherche afin de tenter d’apporter d’autres preuves. 

Mais au préalable diverses actions préparatoires ont été mises sur pied. 

Ainsi, en février-mars 1999 un hydrophone a été placé sous la surface gelée du lac, action qui, à notre connaissance, n’a jamais été tentée nulle part auparavant. L’intérêt de cette expérience est que durant l’hiver aucune activité ne se déroule sur le lac et donc des interférences parasites dues aux activités humaines (bateaux, jetskis, bruits divers) sont quasi nulles. 

En août 1999 : nous avons repris notre écoute hydrophonique couplée à une surveillance en surface. 

En effet en 1998, l’utilisation des divers instruments de recherche avait nécessité l’usage de groupes électrogènes très bruyants. Cet inconvénient, couplé au bruit du moteur de Mother I, créa une nuisance certaine face à la discrétion requise dans toute recherche zoologique. De plus, il pouvait occulter les sons que des animaux pouvaient émettre entre eux dans le but de communiquer. Le cas est bien connu chez les cétacés mais aussi parmi de nombreuses espèces de poissons. 

Selon Jan-Ove SUNDBERG certaines observations semblent se rapporter exclusivement à des anguilles géantes. C’est l’hypothèse que celui-ci semble privilégier quant à l’identification possible des monstres lacustres qui hantent les lacs de nos latitudes. Disons d’emblée qu’elle n’a pas notre faveur pour des raisons éthologiques ou morphologiques : ce serait, par exemple, mettre de côté le comportement de l’animal que vit GRANT en 1934 sur les rives du Loch Ness. 

GRANT a en effet décrit un animal se déplaçant, sur la terre ferme, à la manière d’une otarie. De plus, je ne crois pas que l’anguille meugle comme un taureau, renâcle comme un cheval et crie comme un phoque. D’autre part, il est impossible à une anguille de se dresser à la surface de l’eau (le fameux périscope) sans prendre appui sur une base solide. Nous voyons mal une anguille de plusieurs dizaines, voire centaines, de mètres prendre appui sur le lit d’un lac. Tous obstacles à lever si l’on veut identifier Nessie et ses cousins à une anguille, même géante et d’espèce inconnue. . 

Nous regrettons que les scientifiques norvégiens ne soient pas plus intéressés à connaître ce qui pourrait se cacher dans le profondeurs de leurs lacs; espérons que nous pourrons un jour leur entrouvrir les yeux. 

L’Equipe GUST ’99

Pour des raisons d’organisation et de coordination du travail, Jan-Ove avait décidé de réduire le nombre des participants à 6 au lieu de 12 comme dans la précédente expédition. 

Celle-ci devait être composée de Jan-Ove SUNDBERG (Suédois), Peter CASPERSSON (Suédois), Inge FALK (Suédois) (non, il n’est pas de la famille de l’acteur Peter FALK), Eele JANSMA (Hollandais), Jerker BERG (Suédois), et Eric JOYE (BELGE).. 

Il y aurait eu donc quatre Suédois, un Hollandais et un Belge. 

Eric JOYE restera le seul « survivant » de l’équipe de l’année précédente, à l’exception de Jan-Ove SUNDBERG et de Peter CASPERSSON. 

A la dernière minute, une équipe de Britanniques est venue nous rejoindre. Il s’agissait de : Adam DAVIES, Andy SANDERSON, KeithTOWLEY, Steve BARKLEY.  

De gauche à droite : Peter CASPERSSON, Adam DAVIES, Steve BARKLEY, Andy SANDERSON, Keith TOWLEY, Inge FALK, Eele JANSMA

L’Equipement

Cette expédition a été marquée du sceau du silence : nous nous sommes « contentés » d’observer et d’écouter en tentant de faire nous-mêmes le moins de bruit possible. 

Les témoignages tout au long des ans indiquent que les animaux que nous traquons sont sensibles aux bruits : moteurs de bateaux, fermetures de portes de voiture, cris, etc… La discrétion est donc de rigueur.
Lors de l’expédition GUST99, nous avons essayé d’utiliser l’équipement suivant: 

1. Une Caméra de surveillance KA23 de l’armée suédoise.

Cet appareil équipait antérieurement le célèbre avion espion américain U2, qui, entre autres, a photographié les missiles russes à Cuba en 1961, lors de l’épisode qui faillit entraîner le monde dans la troisième guerre mondiale
KA23 a près de 1,5 m de long, pèse dans les 150 kilos et est équipé d’une focale de 90 mm. 

L’armée de l’air suédoise l’acheta aux Américains et l’utilisa pendant plusieurs années sur le Lansen Jet Fighter. 

Aujourd’hui cette technologie est déclassée, mais elle peut toujours prendre des photos d’une étonnante clarté à une distance de 10 km. 

2. Lunette de vision nocturne

Cet équipement d’origine russe est assez populaire en Suède comme dans les autres pays scandinaves. Ce sont des engins portables qui ressemblent beaucoup à des jumelles. Ils sont assez performants et furent utilisés pour voir sur les eaux sombres des nuits du Seljordsvatnet. 

3.Un ULM muni d’un GPS (Global Positioning System).

Jerker BERG, notre nouveau coéquipier, pilotait cet engin pour effectuer des reconnaissances aérienne au-dessus du lac. Volant à 300 mètres d’altitude, ces appareils sont pratiquement silencieux. 

4. Système de surveillance

C’est un autre équipement du surplus militaire : une paire de jumelles très sophistiquée. Montée sur tripode, elle a une portée de 5 km et est capable aussi d’améliorer la perception visuelle par faible luminosité, au crépuscule ou à l’aube. 

5. Un Hydrophone et un sonar passif

  

Ce sont deux merveilleux outils pour écouter les déplacements et les émissions vocales (pour autant qu’elles existent) d’une créature inconnue dans les abîmes. En outre, cet équipement est exclusivement militaire et ses caractéristiques sont classées « top secret ». 

Nos Nouveaux sponsors

Comme toutes les autres expéditions, GUST99 est dépendant du sponsoring et cette fois nous pourrons profiter de l’aimable hospitalité de l’exploitant du SANDEN CAMPING, Mr. Roger NESSET. Il est à noter que ce n’est pas vraiment une coïncidence si nous sommes basés à Sanden. Un nombre important d’observations proviennent de cet endroit, situé à peu près à égale distance des deux pointes du lac. De là nous avons une excellente vue couvrant toute la longueur du lac. 

Le «serpent» (rappelons que ce terme employé dans ce contexte ne désigne pas nécessairement un reptile) a souvent été vu se dirigeant vers le nord à grande vitesse, à peine visible juste au-dessus de la surface. 

C’est à Sanden que lors de l’expédition GUST 98 notre coéquipier Ulf BURMAN a pris sa fameuse séquence vidéo, qui présente un objet d’une longueur de 2 à 3 m et qui fait penser à un dos surgissant des profondeurs. Il semble être muni de 2 grandes nageoires, de part et d’autres de son corps. 

Nous sommes aussi sponsorisés par KODAK à Oslo. Ils nous fourniront les films, notamment l pellicule de 9 pouce nécessaire à la caméra de suchargé des développements. 

L’Aventure continue… 

Nous avions critiqué certains aspects de l’organisation de l’expédition que nous aurions aimés voir améliorer ou modifier, notamment concernant l’apprentissage à la manipulation des appareils, l’interprétation et la lecture des données recueillies. Nous nous interrogions également sur le nombre de participants (12) et sur la nécessité d’avoir tant de monde. En cela nous faisions écho à l’opinion d’Alex CAMPBELL (l’homme par qui le mystère est arrivé) qui estimait qu’un homme dans une barque, armé d’une paire de jumelles ou d’une caméra et patrouillant inlassablement le lac avait plus de chances d’observer la bête qu’une équipe nombreuse et bruyante dotée d’appareils sophistiqués. 

Jeudi 19 août 

Au matin de ce jeudi 19 août, Jan-Ove SUNDBERG, Peter CASPERSSON, Eele JANSMA et moi-même partimes en voiture de Motala, au sud de la Suède, pour les rivages du Seljordsvatnet. Pour l’anecdote, j’ai pu observer plusieurs chevreuils et un couple de…renards en train de jouer dans un pré le long de la route, fait assez rare en pleine journée. Les choses commençaient sous les meillleurs augures. 

Après avoir récupéré Inge FALK en cours de route, nous arrivâmes au camping de Sanden fin d’après-midi. Les Britanniques nous y attendaient déjà. 

Après quelques tasses de thé et quelques crêpes offertes par les propriétaires du camping nous nous installâmes dans nos quartiers, en l’occurrence des caravanes. Personnellement, j’occupais une caravane entière. 

Vendredi 20 août 

Le temps est superbe. Il fait 20 °C environ. Le lac est absolument calme, le ciel sans nuage et ensoleillé. Ce sont des conditions idéales. 

Aujourd’hui, vers 9h du matin, nous allons placer l’hydrophone dans la baie face au camping alors que Inge monte ses caméras face à la baie de Sanden.
A 10h du matin, finalement nous pouvons commencer les enregistrements. 

Le système d’hydrophone consiste en un microphone sous-marin perfectionné et modifié, fixé à une bouée. Cette dernière a été immergé à mi-lac, face au camping de Sanden, à une profondeur d’une trentaine de mètres. Elle fut solidement ancrée au fond, 90 mètres plus bas. A l’intérieur de la bouée a été monté un équipement de transmission radio, envoyant un signal digital vers la terre ferme en direction de récepteurs. Ces récepteurs communiquent directement avec un ordinateur à l’intérieur d’une caravane. 

L’ordinateur posséde un disque dur d’une capacité de 20 GB pouvant à la fois enregistrer et analyser instantanément l’information. 

Première visite de journalistes, d’une équipe de télévison et d’une autre de radio vers 10h30. La valse des gens de presse commence et se répètera presque chaque jour. 

A 21h30, une sorte de «clic» est capté par l’hydrophone.
Vers 22h30, un grognement bref et puissant est enregistré pour la première fois : animal ou phénomène sismique ? 

Ces sons se reproduiront encore plusieurs fois cette nuit-là et le jour suivant.
Les sons allaient et venaient comme ils le feront tout au cours des jours suivants. Parfois même ils semblaient très proches et parfois très lointain. C’était régulier parce que nous en enregistrâmes un certain nombre chaque jour, et irrégulier parce que nous n’avons jamais pu déterminer un moment précis où ces sons étaient émis. 

«Mais vous auriez pu l’entendre 5 à 8 reprises par jour», annonça Eele Jansma.

Pour ce premier contact nous entendîmes un premier son important suivi de deux plus faibles qui semblaient aller en s’évanouissant. 

La première hypothèse que nous envisageâmes est qu’ils avaient pu être produits par une certaine activité sysmique, présente dans le lac. 

«Dans un des premiers enregistrements, on peut entendre d’autres sons qui se succèdent avec une certaine régularité, et cela pourrait être soit un écho soit une réplique plus distante», ajoute Eele Jansma. 

Remarquons ici que le passage de bateaux crée une nuisance et lorqu’il y a beaucoup de turbulences dans l’eau, il se pourrait que les sons ne puissent être perçus. Cette nuisance fut couplée avec le bruit puissant de l’hélice et pour cela , il semble que la créature qui produisait le son, quelle qu’elle fût, s’enfuit durant au moins une heure et demie avant que nous puissions à nouveau l’entendre et l’enregistrer. 

Quand j’ai entendu ce son pour la première fois, j’étais dehors et étudiais le comportement de notre bouée avec les jumelles de campagne mises à notre disposition par Inge Falk, mais ni à ce moment ni plus tard je ne vis autre chose que des vaguelettes sur l’eau produites par la bouée qui aurait difficilement pu être confondue avec un lion-de-mer,  continue Eele Jansma en riant. ´Je ne veux pas m’amuser à spéculer, bien sûr, mais je vois mal comment un lion-de-mer aurait pu atteindre le Seljordsvatnet 

Eele a gardé son oreille collée à l’hydrophone 16 heures par jour pendant 5 jours et a entendu ces sons étranges à multiple reprises. «La plupart de ces enregistrements furent perdus et je ne pus capter que les «clics» les plus forts et les plus audibles, au-delà de 10 megabytes environ». Les archives de GUST se sont enrichies d’environ six fichiers sonores de différentes longueurs, parfois aussi à une échelle inférieure au plus courant des fichiers acoustiques. 

Les sons ont été émis probablement d’un endroit qui se situe dans un rayon de 600 mètres autour de Sanden et entre Sanden et Buviki, sur la rive opposée, là où plusieurs observations ont justement été faites. 

Les sons recueillis s’étalaient dans un spectre de fréquences de 200 à 400 Hz. En comparaison, certaines vocalisations et chants de baleines ont une fréquence située entre, approximativement, 40 Hz et 5 kHz. 

La totalité de nos enregistrements ne sont pas encore accessibles au public,car ils sont toujours en cours d’analyse en Norvège et en Suède. Ils doivent notamment être comparés à l’entièreté des sons naturels et biologiques provenant du même environnement que ceux que nous avons enregistrés. 

Samedi 21 août

Le levé a lieu à 7h. 

Le temps est superbe. Pas de pluie de toute la journée. Comme c’est le week-end il y a assez bien de traffic sur le lac durant tout le jour. 

Vers 6h30, le grognement mystérieux s’est répété. 

Dans la matiné, nous effectuons une première sortie en bateau (nous avons à disposition 2 barques à moteur) et avons la première panne de moteur dans la zone 4, là-même où l’année passée nous avons eu des pannes et même failli couler Mother I. 

Vers 17 h, Adam DAVIES, de sortie avec le second bateau, prétend avoir filmé «quelque chose». A la même heure, Jerker BERG atterrit avec son ULM dans un pré à Seljord-même. 

Jerker BERG est le meilleur pilote d’ULM de Suède, il comptabilise plus de 1000 heures de vol. 

Je me suis mis en embuscade (watching) jusqu’assez tard dans la soirée, le lac étant d’huile, mais pas la moindre observation de Selma, le Sjöormen du Seljordsvatnet. 

Dimanche 22 août

On va tenter une expérience afin d’attirer Selma vers l’hydrophone. 

Nous allons pour ce faire chercher plusieurs kilos de pain chez une habitante de Seljord, Eva. 

Elle nous offre le petit-déjeuner, ce qui est l’occasion pour elle de nous raconter que l’année passée, une semaine avant notre arrivée, alors qu’elle se promenait sur ses rives, elle a aperçu dans les eaux du lac un animal qu’elle identifia comme étant un élan qui traversait à la nage. Bien qu’elle eût un appareil de photo perfectionné, elle n’eut pas le réflexe de prendre des clichés ! Attitude ô combien ! fréquente chez les témoins 

Durant le voyage-aller une martre traverse la route à quelques mètres seulement du véhicule. 

Nous allons donc immerger une certaine quantité de pain aux abords du microphone dans l’espoir d’attirer les poissons. Le Sjöormen sera-t-il lui-même intrigué par cette concentration de nourriture, car il y a de grandes chances qu’il soit piscivore ? 

Lundi 23 août

Il fait toujours aussi beau que les jours précédents, seul des friselis perturbent la surface de l’eau. Une bande de cinq jeunes colverts nage tranquillement devant nos yeux. 

Une copie de l’enregistrement des mystérieux grognements a été transmise à l’institut océanographique de Bergen. Leur premier examen conclut que ces sons rappellent le cri d’une anguille, mais avec de notables différences. 

Alors Selma (et les monstres lacustres en général) ne serait-elle qu’une anguille de grande taille ? 

Demain l’Institut océanographique nous enverra deux scientifiques …. 

Mardi 24 août

Rien de bien marquant cette journée-ci. Le temps reste beau.
Jan-Ove SUNDBERG, Erik KNATTERUD – un géant viking de pure souche qui nous a rejoints – et moi faisons un tour du lac en voiture et profitons pour interroger un témoin dont la maison est bâtie sur les berges-mêmes du lac. 

Toute la journée, Jerker survole le lac avec son ULM, mais sans résultat. 

Le reste de la journée, je le passe à faire du «monster watching», en vain. 

Les scientifiques ne viendront pas. 

Mercredi 25 août 

Jerker et son ULM nous quittent. 

Le «watching» ne donne toujours rien. 

Jeudi 26 août 

Voici enfin venue la journée du départ et des adieux. 

Les Britanniques vont rejoindre Oslo pour s’envoler vers Manchester, nous nous rentrons à Motala, en Suède. 

Et c’est la fin de cette édition….

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