Croyances, mythes et conservation de la biodiversité font-ils bon ménage ?

Croyances, mythes et conservation de la biodiversité font-ils bon ménage ?

Lorsqu’on évoque la problématique des espèces menacées, les animaux les plus connus et les plus emblématiques, tels que les rhinocéros, les tigres et les tortues, nous viennent en tête.

Dans un article paru récemment (Cambridge University Press), des scientifiques soulignent qu’un facteur de l’érosion des espèces fauniques est souvent passée sous silence, soit la relation tendue entre les êtres humains et les animaux.

Selon ces chercheurs, les mythes et superstitions influencent énormément la conservation des animaux et ce, dans des proportions insoupçonnées.

Holmes et ses coauteurs établissent le lien entre les croyances et l’état de vulnérabilité de plusieurs espèces dans le monde.

Leur étude explique que mondialement, les superstitions et les mythes affectent les efforts de conservation des espèces et que plusieurs types de croyances sont en cause.

Le premier regroupe les croyances selon lesquelles certains animaux sont mythiques et possèdent de ce fait, des propriétés spirituelles utiles. Selon les auteurs, ce type de croyances a un impact négatif sur le bien-être des animaux et les écosystèmes concernés. Par exemple, au Nord de Madagascar, l’apparition de lémurs aye-aye est considérée comme une prémonition de la mort ou de la maladie, bien qu’il s’agisse d’une espèce en danger. Ainsi, dans de nombreux villages, on croit que le seul moyen de prévenir la malédiction est de les tuer.

De telles pratiques sont observées dans d’autres pays tels que Haïti, la Jamaïque ou la République dominicaine. Dans ces pays, par exemple, les hiboux sont associés à la sorcellerie.

En revanche, l’étude de ces chercheurs soulignent que les croyances associées à certaines espèces de la faune sauvage n’ont pas que des impacts négatifs. En effet, certaines croyances peuvent conduire les populations à développer des comportements qui s’avèrent protecteurs pour certains animaux. À titre d’exemple, à Kombolcha, en Éthiopie, les hyènes sont réputées pour leurs pouvoirs de lutter contre des mauvais esprits et pour leur capacité à transmettre des messages surnaturels, à travers leurs hurlements. De fait, les hyènes sont protégées dans cette partie du pays. Selon Holmes et ses coauteurs, les pays de cultures européennes et occidentales ne sont pas non plus exempts de telles croyances. Par exemple, le monstre du Loch Ness draine des milliers d’écotouristes vers le célèbre lac écossais chaque année.

Références:

George Holmes, Thomas Aneurin Smith, Caroline Ward, «Fantastic beasts and why to conserve them: animals, magic and biodiversity conservation», Cambridge University Press, Oryx, 24 juillet 2017: https://www.cambridge.org/core/journals/oryx/article/fantastic-beasts-and-why-to-conserve-them-animals-magic-and-biodiversity-conservation/467899EEDA175A8C86D4C1CFF606973E

Michelle Neff, « How Superstitions and Myths Affect Animal Conservation », 12-2017, http://www.onegreenplanet.org/animalsandnature/superstitions-and-myths-affect-animal-conservation/

(D’après MediaTerre)

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