La mémoire est trompeuse, et pourtant, c’est sur elle que se base la justice, parfois exclusivement, avec les conséquences parfois dévastatrices qui peuvent découler d’un témoignage pris pour argent comptant.
Entre les translocations micro-chronologiques des diverses composantes d’un évènement, qui font mélanger l’ordonnancement de ces composantes, sinon les oublis et/ou les « enrichissements » au niveau des détails, et plus subtilement les glissements de ces détails, du vrai vers le souvenu comme étant le vrai.
Le pire faux témoin n’est-il pas celui qui est tout à fait sincère et très convainquant, alors qu’il est dans l’erreur, tout en étant pourtant sûr de lui pour ce qu’il rapporte.
C’est bien la raison qui a poussé au développement de la police scientifique, supposée ne jamais se tromper.
Sauf que, il y a le cas, bien connu, des kits de prélèvement ADN, tous pollués par un des manipulateurs, lors de la fabrication, et qui ont fait croire, pendant des mois, à l’existence d’un seul et même tueur en série, en Allemagne.
Un autre biais, au sujet de la prise en compte et de la validation d’un témoignage humain, c’est l’image sociale du témoin, avec un bel effet de halo, qui fait que si ce témoin a été, par exemple, reconnu l’auteur d’un méfait, même véniel (un petit vol à l’étalage), même très ancien et sans condamnation de subie, tout futur témoignage de cette personne sera considéré comme douteux, compte tenu du passé légal de la personne, même si son témoignage est dans un tout autre domaine que celui de son méfait ancien.
